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Editor's Notes

1. Pour commencer, il me semble utile de vous dire un peu de quoi on parle quand on parle de montagne en Europe, quite à être un peu technique pour quelques secondes. Vous dire qu’il n’y a pas encore à ce jour de définition officielle uniforme de la montagne qui s’applique de façon transversale à toutes les politiques européennes. Nous avons des approches spécifiques à certaines politiques, comme celle de la PAC, comme nous allons voir ensuite, et des approches plus géographiques qui appliquent des critères uniformes à toute l’Europe mais plus à titre d’information et de quantification. Dans tous les cas la montagne se définit comme un paysage caractérisé par un relief accidenté (donc des pentes) et/ou une altitude importante. La dernière approche géographique en date du projet ESPON Geospecs a établit la carte suivante des zones de montagne d’Europe et quantifié que la montagne représente 41% du territoire de l’Europe et 1 quart de sa population, un peu moins si l’on considère seulement l’UE et pas tout le continent.
2. Je vous parlais d’approches spécifiques à certaines politiques. Il y a en a des variées au niveau des Etats membres. Mais au niveau européen, la PAC est la seule politique européenne qui ait une approche spécifique de la montagne, et ce depuis les années 70. Les montagnes sont traitées dans le cadre des aides aux “zones défavorisées”, qui deviennent dans la nouvelle PAC les zones à contrainte naturelle. Ces zones sont délimitées par les Etats membres, dans le cadre du règlement développement rural. C’est un cadre qualitatif qui établit les grands principes en laissant aux Etats le rôle de définir les critères de pente et d’altitude qui correspondent à leurs conditions propres sur le terrain. La carte que vous voyez là est une autre carte géographique qui a été établie par l’Agence environnementale européenne en 2010 et qui compare justement une délimitation géographique uniforme comme celle d’ESPON à la délimitation des zones défavorisées montagne dans la PAC qui sont représentées en vert et en violet. On voit là très clairement que certaines ne sont pas prises en compte car les Etats concernés n’ont pas choisi de délimiter des zones de montagne dans le cadre de la PAC. On a en tout 14 Etats qui ont délimité des zones défavorisées montagne et sur ces 14 uniquement, la montagne représente déjà presque 20% du territoire, de la main d’oeuvre agricole et des entreprises et 14% des surfaces. Donc c’est une composante majeure du territoire.
3. Parlons maintenant des produits. Quels sont les produits agricoles que produisent les montagnes d’Europe? La DG AGRI a financé une étude qui a été conduite en partie par Euromontana en 2012 qui a apporté des chiffres estimés. La production représente en termes de chiffres d’affaires 23 milliards d’Euros, soit environ 9% du turnover agricole Européen, ce qui est significatif. Là dedans on trouve l’élevage au premier plan, avec l’élevage bovin laitier qui représente quasi le quart de la production de montagne européenne. Donc les produits animaux font globalement 54% de la production de la montagne. Mais les produits végétaux jouent aussi un rôle très important, notamment les cultures pérennes, les fruits, la viticulture, les oliviers, qui représentent aussi quasiment un quart. Et les céréales continuent de représenter une petite partie de la production qui a tendance à remonter avec des initiatives de réimplantation de céréales traditionnelles avec transformation sur place.
4. Si on regarde dans quelle mesure les différents pays de l’Europe qui participent à cette production européenne de produits de montagne, on voit que l’Italie est très clairement le premier pays producteur de produits de montagne et de loin avec 31%, suivi de l’Espagne et de la France. Les pays qui ont la proportion de leur production nationale produite en montagne la plus forte sont l’Autriche (38%) et la Slovénie (32%).
5. Alors quelles sont les opportunités qu’apportent la nouvelle PAC pour les zones de montagne. Elles sont multiples et nous pouvons les regarder par pilier, en se concentrant sur les paiements directs et le développement rural où il y a le plus d’outils spécifiques à la montagne.
6. Tout d’abord, on peut noter des avancées importantes pour la montagne au premier pilier. Tout d’abord, et c’est un principe politique important qui a été introduit, les paiements directs concernent maintenant les trois objectifs de la PAC: (citer les 3 en insistant sur le territorial). Ensuite, il y a l’obligation de faire converger les niveaux de paiement directs et en général, cela devrait être favorable à la montagne qui traditionnellement était orientée vers des productions qui étaient moins soutenues historiquement. On peut regretter que le rythme ne soit pas plus rapide mais le principe est là quand même et on l’espère de manière durable. Un autre point important, c’est d’avoir maintenu la possibilité de paiements couplés, qui permettent de soutenir des productions qui ont une valeur économique, environnementale ou territoriale mais qui sont en grande difficulté. Notamment pour l’élevage de montagne, de moutons, ou le lait de montagne, il y a là un outil très intéressant qui est assez utilisé par certains Etats pour soutenir la montagne. C’était important que ça reste. Mais la grande nouveauté, pour nous, c’est qu’il a été introduit la possibilité de donner un complément de paiement direct aux agriculteurs situés dans les zones à contraintes naturelles, c’est-à-dire la montagne. On ne sait pas encore exactement quels sont les Etats qui vont retenir cette possibilité mais là il y a une vraie possibilité de reconnaître y compris dans le premier pilier qui ne demande pas de cofinancement national, la valeur ajoutée de l’agriculture de montagne. Deux autres points importants qui sont susceptibles d’aider la montagne sont les aides obligatoires aux jeunes agriculteurs et la montagne a grand besoin de soutenir l’installation. Et le schéma petits agriculteurs qui peut permettre de soutenir notamment les tout petits agriculteurs des pays de l’Est de l’Europe. Là encore, tout dépend de comment les mesures vont être mises en œuvre en pratique. Concernant le verdissement, ce n’est ni une avancée ni un recul pour les montagnards, qui ont déjà une agriculture assez verte. Les exigences ont plutôt tendance à être plus fortes pour les éleveurs que pour les cultivateurs et donc il faudra voir là exactement l’impact.
7. Avant de rentrer dans les outils du développement rural, il faut signaler une avancée majeure de l’approche des politiques de développement territorial (une avancée ou un recul dans le sens où l’on a eu aussi par le passé une approche plus intégrée), mais bref… Les nouvelles politiques 2014-2020 réunissent, au moins sur le papier, la politique de développement rural, la politique de cohésion et la politique maritime dans un même cadre au service d’objectifs partagés. C’est très important pour la montagne car le développement de la montagne ne peut se concevoir que de façon intégrée, tant les activités économiques sont interconnectées et fortement dépendantes des infrastructures et des conditions de vie. Les textes permettent beaucoup de choses et c’est un progrès. Maintenant, là-aussi c’est la mise en œuvre qui va dire si on a réellement progressé ou non. Car ces politiques sont encore plus qu’avant des boîtes à outils et selon que les outils sont utilisés ou pas, on peut dire qu’on a avancé ou pas. Un point de doute tout de même. Nous avons un traité européen qui réclame explicitement que les politiques européennes dans leur ensemble portent une attention spécifique aux zones qui font face à des handicaps spécifiques. On constate que dans les faits, il n’y a que la PAC qui fait cet effort et l’attention des autres politiques aux zones rurales en général a tendance à réellement diminuer et c’est assez alarmant.
8. Dans la politique de développement rural, nous pouvons regretter fortement la baisse du budget qui va contraindre l’utilisation mais dans le contenu, nous pouvons être assez satisfaits d’une boîte à outils assez complète. Tout d’abord les mesures phares pour la montagne que sont les paiements pour les zones à contraintes naturelles et les aides agro-environnementales ont été maintenues et même renforcées donc c’est une bonne chose. Et en plus il y a une nouveauté qui répond à une demande qu’avait fait Euromontana de pouvoir adopter des paquets de mesures pertinentes pour la montagne. C’est maintenant possible avec les sous-programmes thématiques qui ciblent explicitement la montagne. Je sais qu’il y avait un intérêt fort pour cet outil en Italie l’année dernière lorsque nous avons organisé la conférence commune entre Euromontana et le réseau rural Italien à Rome sur la programmation des politiques 2014-2020 en montagne. Et j’espère qu’il sera utilisé dans quelques régions d’Europe même si malheureusement, l’outil a été associé à des complexités administratives telles que cela fait peur aux autorités de gestion. Pour nous, c’est une vrai reconnaissance qu’une bonne politique pour les zones de montagne ça passe par une réflexion intégrée territorialisée sur les politiques à adopter en ciblant notamment la compétitivité.
9. J’aurais du mal à rentrer dans le détail des mesures du règlement développement rural qui sont intéressantes pour la montagne, il y en a beaucoup. Mais pour en citer quelques-unes nous voyons un grand intérêt dans les mesures liées à l’innovation, au développement de nouveaux produits, à la coopération entre les acteurs des filières et avec les acteurs territoriaux aussi, notamment du tourisme. Nos travaux ont montré qu’il y avait un grand manque de collaboration entre acteurs en montagne et un besoin de structuration important. Les montagnards vont aussi pouvoir utiliser les aides à l’investissement dont ils ont besoin car les investissements sont plus chers en montagne. Il y a aussi des opportunités autour de la qualité. Et du point de vue territorial, il reste un certain nombre de mesures pour les villages qu’on peut utiliser pour des infrastructures. Et surtout, le maintien de l’approche LEADER et très important pour la montagne. Et là aussi je sais qu’en italie il se passe beaucoup de choses autour de LEADER en montagne.
10. Alors quelles sont les opportunités qu’apportent la nouvelle PAC pour les zones de montagne. Elles sont multiples et nous pouvons les regarder par pilier, en se concentrant sur les paiements directs et le développement rural où il y a le plus d’outils spécifiques à la montagne.
11. Je voudrais maintenant insister sur la politique de qualité, qui a constitué le coeur du travail d’Euromontana depuis sa fondation en 1996. Notre but est en effet d’améliorer les conditions de vie des populations montagnardes et leur revenu. Et il y a beaucoup de cartes à jouer au niveau de la qualité. En effet, les produits ont un potentiel fort du fait que… (voir diapo) Hors, les conditions de production sont difficiles et donc l’une des meilleures stratégies pour avoir une agriculture de montagne compétitive, et des filières et des territoires vivants, c’est de miser sur la qualité.
12. Euromontana a travaillé 15 ans sur ce sujet en différentes étapes alternant des phases de recherche visant à produire de la connaissance et les phases politiques visant à sensibiliser les politiques sur l’importance de la question. Dans ce cadre, nous avons notamment conduit deux projets de recherche européen avec une dizaine de partenaires à chaque fois dans des pays différents, grâce auxquels nous avons prouvé que: Les produits étaient spécifiques Dans la majorité des cas, la matière première venait de montagne et la transformation se faisait en montagne Que le développement des filières constribuait au développement territorial Les consommateurs étaient positifs et intéressés ainsi que les autres acteurs de la filière Grâce à ces démonstrations scientifiques, nous avons pu lancer une grande opération politique en 2005 de lancement de la charte européenne des produits de montagne de qualité au parlement européen, qui a été signée par 69 organisations et gouvernements. Et c’est grâce à cela que nous avons pu faire avancer la cause auprès des institutions européennes qui ont finalement, adopté une législation introduisant un schéma de qualité européen spécifique pour les produits de montagne.
13. Le règlement a été adopté en 2012 et introduit un terme optionnel de qualité “produit de montagne” pour les produits qui… Cela reste un schéma simple et donc assez léger, d’utilisation volontaire et libre par les opérateurs des filières, et qui vient en complément des outils plus complets mais aussi plus longs à obtenir que sont les indications géographiques par exemple. C’est une opportunité de soutenir les filières puisque les acteurs peuvent maintenant utiliser les mesures européens pour financer la mise en place de ce signe de qualité; Et c’est aussi une opporunité d’inciter les acteurs à davantage coopérer.
14. Alors quelles sont les opportunités qu’apportent la nouvelle PAC pour les zones de montagne. Elles sont multiples et nous pouvons les regarder par pilier, en se concentrant sur les paiements directs et le développement rural où il y a le plus d’outils spécifiques à la montagne.
15. We argue that the mountains of Europe represent the last major reservoir of diversity: biodiversity, diversity of crafts, culture and local food products which represents a precious asset for mountains in this age of globalised economies, the homogenised production and the consequent counter demand of the affluent consumer for a differentiated product. Conveniently, for reasons that can be almost spiritual, mountains also enjoy a universally respected cachet for quality and purity. It was this irresistible logic which led Euromontana to develop the European Charter for Mountain Quality Foods over the last 6 years. Launched in December last year the Charter is effectively a list of criteria that a quality mountain product should have to respect and this has already been subscribed to by 60 signatories including the states of France, Norway and Romania. Finally, a major opportunity for the mountains of Europe is the special bond and vitality that is produced from the fact that all mountain populations have common adversities to address. We feel that this provides the prospect for the mountain regions of Europe to gain a comparative advantage over other types of European region because in effect we can develop “international” social capital. If social capital is an indicator of the facility, dynamism and trust with which the main stakeholders in a region co-operate then we believe it can be replicated at European level because of the cement that mountain experience provides. If you doubt this, consider what explains the success of Swiss nationality. The basis of Swiss nationality cannot be religion with an almost equal split between the Protestant and Catholic religions and cannot be language with 65% German speaking, 20% French and 7% Italian nor can there be any racial affinity because the population comes from different stocks. Yet Switzerland has survived for more than 7 centuries. No doubt it was the Cantons realisation of their common mountain geography that unified them in times of peace and war.